Fils d'un marchand de serinettes et
de violons, petit-fils d'un serrurier, le plus connu des facteurs
d'orgues de Mirecourt naquit le 29 mars 1793. Il fut placé en
apprentissage dans l'ateleir de Charles Rolin (1762-1814), facteur
mirecurtien qui avait épousé le 07 février 1787 Catherine Jacotel, née à
Châtenois (Vosges) en 1767 et issue de l'importante famille de facteurs
de serinettes Jacotel, qui compta au moins quatre membres dans la
profession. En 1813, le père et le beau-frère de N.A. Lété ouvrirent un
commerce de lutherie à Paris, pour vendre les violons fabriqués à
Mirecourt. A la mort de Rolin, en 1814, le jeune Lété, âgé de 21 ans,
s'embarqua pour les Etats-Unis et les Antilles, accompagné de trois
associés, pour y vendre des violons de Mirecourt. Il y répara quelques
orgues, notamment à la Havane, et fit fortune dans le Nouveau Monde. Son
père étant mort en 1819, Lété revient deux ans plus tard en France,
pour s'occuper du magasin de Paris. Il y épousa en 1822 la fille du
luthier François-Louis Pique, puis s'associa de 1825 à 1828 avec le
célèbre luthier Jean-Baptiste Vuillaume, sous la raison sociale "Lété et
Vuillaume". C'est dans cet atelier que le futur facteur d'orgues
Prosper-Antoine Moitessier travailla en 1825-26. Moitessier était
d'ailleurs le cousin germain de Lété, et leurs liens professionnels
restèrent toujours très étroits. Tout en construisant des violons et des
violoncelles et en vendant des broderies de Mirecourt, Lété s'intéressa
de plus en plus à la facture d'orgues, entrant en contact avec
Sébastien Erard, puis avec le facteur anglais John Abbey, qu'Erard avait
fait venir à Paris en 1826. Dès 1825 Lété appliqua le principe de la
boite expressive aux orgues à cylindre, ce qui lui valut une médaille d"Encouragements et récompenses à l'industrie",
en 1827. Fort de ces premiers succès, il quitta Vuillaume et s'occupa
définitivement de facture d'orgues. En 1829 il expérimenta le premier
clavier transpositeur sur un orgue d'accompagnement destiné à l'église
Saint-Leu de Paris. En 1831, la mort d'Erard et de sa mère le décidèrent à
rentrer à Mirecourt.
C'est en 1832 qu'il fonda
dans sa ville natale une manufactures d'orgues qui compta jusqu'à
vingt-cinq ouvriers, dont son contremaître Jean-Joseph Orelle
(1804-1866), inventeur des soupapes isopneumes. Jusqu'en 1841, il se
consacra presque exclusivement aux orgues à cylindres, l'une des grandes
spécialités de la ville, dont il aurait confectionné 74 exemplaires
avant 1848. Le 31 mars 1841, il obtint un brevet de "facteur d'orgues du
Roi", qui le décida à se lancer plus activement dans la construction
d'orgues d'églises. Grâce à son habileté commerciale, à ses appuis
politiques (il était apparenté avec le ministre Buffet) et peut-être ses
relations de franc-maçon, il obtint rapidement des commandes
importantes dans tout l'Est de la France (Lorraine, Alsace, Champagne,
Bourgogne, Savoie). Dans les Vosges il ne construisit que quatre
instruments, entre 1842 et 1845. La carrière de Lété fut assez courte,
en raison d'une santé fragile qui l'obligea à prendre une retraite
précoce en 1854. Il vendit son atelier à Didier Poirot, alors qu'Antoine
Filipowicz s'établissait à son propre compte. Lété occupa sa retraite
en écrivant des poèmes, non sans continuer à user de son esprit inventif
: le 02 mai 1862, il déposa encore un brevet au tribunal de commerce de
Mirecourt pour un nouveau type de sécateur, appelé "Sécateur Lété",
auquel il joignit trois modèles en bois. Il mourut le 07 janvier 1872,
dans sa maison de Mirecourt. Sources : Inventaire des Orgues de Lorraine - Vosges
En complément sur Nicolas Antoine L'Eté: http://orguedeflavigny.free.fr/
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